SUR LA ROUTE DE LA SOIE
Le voyage en autonomie complète d'un sexagénaire sur la route de la soie- Renseignements, infos, commentaires : papa2706@orange.fr
- Certains de ces carnets (commentés) sont aussi en ligne sur le site "Voyage forum" :
Préambule
Plus de 30 ans après mon premier voyage, je retrouve une Chine bien transformée, et je réalise enfin un vieux rêve : partir en solo depuis Pékin vers le grand ouest, découvrir le Xinjiang, le peuple ouïgour et l'oppression qu'il subit, les oasis de Turpan et Kashgar, le désert du Taklmakan, la fin de la grande muraille... Itinéraire parcouru en train.
Cap ensuite sur les anciennes républiques soviétiques d'Asie Centrale, longtemps restées interdites au voyageur, loin du tourisme de masse et des tours opérateurs. A la découverte du Pamir, sa population, ses montagnes, et ses routes impossibles...
Fin du voyage avec les cités d'Ouzbékistan, retoquées et habillées de neuf, classées au patrimoine mondial par l'Unesco et... un peu plus fréquentées.
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Jeudi 24 août 2018
Pekin : le meilleur moyen de circuler
La meilleure manière d'explorer la ville reste malgré tout le vélo. La plupart sont en formule Vlib mais il faut utiliser une application, le fameux Wechat, l'application qui sert à tout, comme par exemple contrôler vos faits et gestes. Pas question bien sûr de l'installer.
J'en ai trouvé un chez un loueur proche de l'auberge. 
L'important, c'est de rapidement maîtriser les coutumes locales en 
matière de circulation pour limiter les risques. Les espaces dévolus au 
vélo sont très larges le long des avenues.
Cependant il faut bien :
- être attentif à tout ce qui stationne sur les pistes, le plus énervant étant ceux qui téléphonent ou font la sieste dans leur bagnole
- surveiller tout ce qui arrive à contresens la liste est longue
- le pire, c'est les tourne à droite au feu rouge qui, dans le code de la route chinois, ont l'air d'être prioritaires
Une fois assimilé, c'est bon, et la ville étant immense mais toute plate, on peut y aller au juger.
- être attentif à tout ce qui stationne sur les pistes, le plus énervant étant ceux qui téléphonent ou font la sieste dans leur bagnole
- surveiller tout ce qui arrive à contresens la liste est longue
- le pire, c'est les tourne à droite au feu rouge qui, dans le code de la route chinois, ont l'air d'être prioritaires
Une fois assimilé, c'est bon, et la ville étant immense mais toute plate, on peut y aller au juger.
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Vendredi 24 août 2018
Jiankou : l'authentique grande muraille
Pas envie 30 ans après de revoir la grande muraille à Badaling ou un autre site surpeuplé. J'ai donc choisi de la parcourir à Jiankou, dans sa partie la plus sauvage, authentique et non restaurée, en partant d'un village perdu au fond d'une vallée, finalement pas si perdu que ça vu qu'il y a tout pour communiquer.
Inutile de payer un taxi pour s'y rendre, en combinant bien les horaires on peut utiliser les bus pour quelques yuans. Il faut descendre à Xizhazi, terminus du bus. Attention, il n'y en a que deux par jour dans chaque sens.
A l'arrêt de bus pour Xizhazi, j'ai croisé un couple de jeunes 
italiens débarqués ici sans la moindre information sur ce qui les 
attendait. Nous avons fait la rando à trois en direction de la partie 
restaurée de Mutianyu.
Prudence quand même
Avec le GPS et un fond de carte (Open Topo Map), on peut se lancer sans problème et sans guide. Le sentier de montée à Jiankou, facile, est bien tracé. Les autres sentiers pour redescendre le sont aussi. Mais prudence, car une fois sur la muraille, on est bien dans de la randonnée montagnarde, avec passages d'escalade faciles mais dangereux par endroits (au dessus du vide). Amateurs ou sujets au vertige s'abstenir ! Mais quelle récompense. La muraille pour toi seul, là où elle est la plus audacieuse. Vraiment envoûtant.
Les photos
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Dimanche 26 août 2018
Pekin : en train pour le grand ouest
La gare de Pékin ouest a les dimensions et le fonctionnement d'un aéroport. Avec ton eticket envoyé par l'agence, tu dois d'abord aller retirer ton billet au guichet spécial "English", non sans avoir passé un portique de sécurité. Muni de ton sésame tu dois ressortir puis entrer par la porte d'accès non pas au quai mais aux salles d'attente d'embarquement, non sans avoir passé un deuxième contrôle de sécurité.
Après tu trouves le bon hall et tu attends le signal du panneau pour enfin accéder au quai. Finalement ça fonctionne plutôt bien vu la quantité incroyable de passagers à gérer. J'ai pu me rendre compte partout dans Pékin que les chinois sont passés maîtres dans l'art de la gestion des flux.
Belle surprise : les wagons de seconde classe sont propres, climatisés, 
lumineux. Ça tombe bien car j'y suis pour 20 heures. Une  employée en 
uniforme pour  chaque wagon, service repas ambulant, le luxe quoi. Petit
 bémol : pas de coin pour les bagages. Grimper sa valise quand on est 
sur la couchette du haut, c'est plutôt physique. Moi ça va, je suis au 
milieu. En revanche, qu'il soit rural ou urbain, le paysage est assez 
lugubre. Ça devrait changer quand on va quitter les plaines de l'est.
J'ai eu droit bien entendu à ma première visite des flics avec épluchage en règle de mon passeport et fouille de mon sac. J'étais prévenu, aller dans le far-west chinois m'expose à ce type d'inconvénients. Mais poli et respectueux.
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Lundi 27 août 2018
Jiayuguan : se débrouiller autrement qu'en anglais
Aux portes de deux déserts (Gobi et Taklamakan) et au pied des
 hauts plateaux du Tibet, c'est à Jiayuguan que se termine la grande 
muraille. Ici c'est la Chine plus profonde que j'ai un peu retrouvée au 
hasard de ma balade à vélo, même si on ne circule plus qu'avec des deux 
roues électriques et qu'on ne me regarde plus comme un extra terrestre.
Les prix n'ont rien à voir avec Pékin : tu trouves un plat complet pour deux euros et mon vélo me coûte 7€ pour deux jours. De plus, peu de gens parlent anglais, ni le patron du HI hostel où je loge, ni les vendeurs de billets sur les sites à visiter, encore moins les serveurs des gargotes ou je vais manger, et tout est écrit en chinois. Du coup, ça m'oblige à utiliser le peu de chinois que je possède pour communiquer sur le vital. Ca fait marrer les autochtones de voir un européen essayer de parler leur langue, mais ça force le respect. Avec en plus l'assistance de Google translate, j'arrive à m'en sortir.
Coup de gueule : avec leurs avenues barrées pour travaux au bout de plusieurs kilomètres et sans avertissement, leurs nouvelles routes qui ne sont pas encore sur les cartes, j'ai sûrement fait 15 kms de détours.
Les photos
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Mardi 28 août 2018
Jiayuguan : arnaque et patrimoine
La grande muraille ne se termine pas exactement au fort que j'ai 
visité hier mais 10 km plus loin, à l'entrée des gorges d'une rivière au
 pied des montagnes. Il n'en reste plus qu'une tour bien abîmée (plutôt 
un tas de terre) et un tronçon de mur d'argile, semblable à celui que 
j'ai parcouru hier à VTT.
Ce matin j'enfourche donc le vélo bien décidé à faire un bout de désert pour voir ce site hautement symbolique. D'abord, on y accède par une large route toute neuve, sur laquelle ne circule pas un chat. Un peu avant le site, je tombe sur un super portail d'accueil, bien dans le style d'époque, mais qui est en fait l'inévitable guichet de péage d'entrée. Derrière le portail la route continue, rectiligne, jusqu'au site dont on aperçoit au loin, à au moins 2 km, le bout de tour et de muraille. Je dois impérativement laisser mon vélo ici. Bon. Je vais au guichet et je demande le prix : 120 yuans! J'en reviens pas : un peu plus de 15 euros pour un simple monticule de terre.
Je montre mon mécontentement à l'employée qui de toute façon s'en fout complètement et fais aussitôt demi tour. 120
 yuans, c'est le prix à payer pour une route neuve, un beau portique 
plante deux km avant juste pour t'obliger a prendre une navette, des 
employés qui n'ont rien à foutre de la journée... Je comprends 
maintenant mieux pourquoi je n'ai rencontré personne !
Un peu chère la Chine patrimoniale
D'une façon générale les sites sont chers pour le niveau de vie du pays, mais ceux qui voyagent sont sensés avoir du blé, alors pourquoi se gêner. J'ai même renoncé à la cité interdite, réservation obligatoire plusieurs jours à l'avance (ou alors au marché noir a un prix pas possible). Je préfère en garder le souvenir de mon premier séjour, quand l'entrée avait dû nous coûter quelques dizaines de centimes, et qu'on n'était qu'une poignée de visiteurs.
Ce matin, j'ai pris un taxi pour aller voir de remarquables tombeaux de gens du peuple du IIIeme au VIeme siecle. Ce sont des petites caves voûtées constituées de briques peintes, représentant des scènes de la vie quotidienne. C'est très joli et émouvant. Mais là aussi, même si le prix est plus correct, je suis resté sur ma faim car une seule tombe sur les 16 se visite, et ce n'est apparemment pas la plus belle.
Au hasard des grandes avenues impersonnelles de la ville, on tombe sur un marché. Là on y trouve encore la Chine traditionnelle, petites boutiques à l'hygiène douteuse, joueurs de go, musiciens et même un prothésiste dentaire. Dernier refuge de ceux que la modernité n'a pas totalement atteints.
Les photos
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Mercredi 29 août 2018
Dunhuang : l'abondance en plein désert
Bon, je pensais que le paysage serait moins lugubre en arrivant dans l'ouest. C'est raté. La seule distraction dans cette étendue de sables argileux et sombres, ce sont les forêts de pilones et d'éoliennes, mais aussi les chameaux sauvages qui se font la course.
En revanche, la ville de Dunhuang, porte du Taklamakan, est de loin la plus agréable des villes chinoises que je connaisse. Il y a un vrai centre ville qu'on parcourt à pied. Il fait chaud mais sans plus, et il souffle un vent léger et sec. Bien plus agréable qu'à Pékin. Les chinois Han sont encore majoritaires, mais les Ouïgours musulmans y sont plus nombreux, et la prière du muezzin résonne autour de la mosquée.
Le plus étonnant est cette abondance de fruits et légumes d'une grande 
diversité. On se demande comment tout cela arrive à pousser ici. Bien 
irrigués, les sables du désert sont très fertiles. Ici, les raisins secs
 ont des parfums subtils et mystérieux, et le mouton a vraiment goût de 
mouton.
Aujourd'hui, visite des incontournables Mingshashan, un ensemble de dunes à côté desquelles le Pila est une taupinière. Le Pays Basque, mais recouvert de sable...
Les photos
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Vendredi 31 août 2018
Turpan : les ouïgours sous haute surveillance
Caméras de surveillance partout dans la ville, policiers armés en 
faction aux carrefours, devant les bâtiments publics, à l'entrée et dans
 les sites touristiques, postes de police à tous les coins de rue, 
patrouilles à pied ou en voiture, uniformes kaki même pour les 
collégiens... ici les chinois Han sont minoritaires et ça se sent. 
Turpan ressemble à une ville en état de siège.
Pour entrer dans l'auberge de Jeunesse où je loge, il y a même un portique de sécurité, et la fille à l'accueil (une Han, comme tout ceux qui touchent au tourisme) porte un gilet pare balles ! Rassurant. Bon, faut aussi relativiser, on ne se sent pas particulièrement menacé ici, surtout comme européen. Les emmerdeurs, ce sont les chinois, pas les Ouïgours. A ce propos, d'une manière générale, la Chine est un pays très sûr pour le visiteur.
Petite anecdote : j'étais à vélo sur une avenue quand la voiture devant 
moi s'est fait flasher alors qu'elle roulait doucement. J'ai vite 
compris pourquoi quand je me suis fait flasher à mon tour.
Ici l'heure officielle est celle de Pékin, mais il fait nuit deux heures
 plus tard. Ce sera encore pire à Kashgar. Plus délicat à gérer : tout 
l'affichage est en chinois et en arabe. Rien en anglais. Pour choisir un
 menu, c'est au petit bonheur la chance. A part quelques jeunes chinois,
 personne ici ne parle anglais et mon chinois n'a pas l'air très 
compréhensible...
Sinon, hier, près de Dunhuang, je suis allé à Mogao, un ensemble de grottes creusées décorées de sculptures et peintures en hommage au Bouddha. Superbe, mais que de monde !
Par chance, ici à Turpan, les touristes chinois ne s'aventurent 
pratiquement pas. Du coup, j'ai visité une ville fantôme de la route de 
la soie avec seulement une poignée d'autres visiteurs et sous un vent 
tempétueux.
La ville moderne chinoise grignote tous les vieux quartiers Ouïgours, il ne reste qu'un quartier musée au centre et des îlots de résistance en périphérie condamnés à disparaitre dans peu de temps.
Quelques photos
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Dimanche 2 septembre 2018
Kashgar : coup de cœur pour la vieille ville
Ça y est, après trois trains de nuit, me voici à l'extrême ouest chinois, à près de 4000 km de la capitale. Malgré l'omniprésence policière et une vieille ville conservée façon UNESCO, Kashgar est mon coup de cœur chinois.
Enfin chinois..., façon de parler, car on est ici totalement en terre Ouïgours, peuple d'origine turc, qui n'a rien à voir culturellement avec le Han, le chinois de l'est.
Ça commençait plutôt mal hier à la gare de Turfan, où après 3 passages 
de portique de sécurité, au moins 5 contrôles du passeport et une 
fouille des bagages, 3 adorables policières m'ont confisqué la lotion 
antibactérienne sous prétexte qu'il y avait le logo inflammable 
dessus...
Ensuite, ce fut la haie d'honneur d'accueil de flics en armes à la gare 
de Kashgar. Une fois tout ça franchi, on te fout la paix, sauf qu'il 
faudra quand même passer les contrôles de sécurité comme le reste de la 
population pour entrer dans la vieille ville, entrer dans le bazar, 
entrer dans le marché aux bestiaux... Plus on va dans l'ouest, plus l'état
 de siège est marqué. Heureusement que la frontière n'est plus très 
loin.
Malgré les inévitables destructions - reconstructions, le centre ville a
 été bien préservé (en fait, totalement refait à neuf, l'illusion est totale). J'adore, même si c'est un peu artificiel, aseptisé et édulcoré, et plutôt vide d'habitants.
Sur la route de la soie, la ville était renommée pour sa bonne bouffe. 
Et c'est toujours d'actualité, rarement vu une telle richesse et 
abondance de victuailles ! Et pas seulement des scorpions ou des 
serpents.
Sur les photos :
- Le marché aux bestiaux, l'un des plus fameux au monde. Coup de chance, c'est le dimanche. Mais sans les bruits et les odeurs, pour paraphraser JC.
- Le grand bazar, lui aussi très réputé
- Le vieux Kashgar
- La rue de la bouffe
Les photos 
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Kashgar : recette chinoise pour mater la populace
Le Xinjiang est avec le Tibet une 
zone "sensible" de rébellion au regard des autorités chinoises. 
Résultat, l'état met ces régions et leur population totalement sous 
contrôle. Les touristes en mesurent eux-aussi les conséquences, même 
s'ils ne risquent pas à priori les camps de rééducation.  
- Mettre des barbelés et défenses anti voiture bélier autour des sites sensibles (écoles, grands hôtels, administrations...)
- Mettre des portiques de surveillance du trafic avec caméra et flash photo (pour tous les véhicules qui passent, y compris les vélos) partout en ville et même en rase campagne
- Poster des gardes en uniforme avec taser, piques ou énormes battes de baseball tous les 100 mètres.
- Entraîner la population Han (chinois d'origine) à l'autodéfense avec bâton, de préférence le matin dans la rue. Hommes et femmes de tous âges.
- Entrer à l'école au son de l'hymne national, faire des exercices militaires et recevoir de l'endoctrinement politique, bien alignés dans la cour. (Bref l'école rêvée pour tout enseignant)
- Mettre un mouchard en uniforme (pseudo gardien) dans les lieux de rassemblement public, comme par exemple les auberges de jeunesse. Le mien passe sa journée à glander dans la cour.
- Mettre des drapeaux chinois partout dans la rue, pour bien rappeler qui est le maître.
- Mettre des portiques de sécurité à chaque entrée de zone fréquentée par les touristes (merci pour eux) mais pas seulement.
- Ne jamais photographier les flics, sinon gare ! J'ai essayé mais pas facile...
Avec ça, c'est sûr, tu peux déambuler sans risque. Pas beaucoup de délinquance! Quant à la somme que dépense l'état chinois pour entretenir un tel dispositif, elle doit être faramineuse ! Un tiers des Han vivant au Xinqiang travaille dans la sécurité.
Aujourd'hui déambulation dans le vieux Kashgar, somme toute assez grand.
Les photos
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Mercredi 5 septembre 2018
Tashkurgan : mais quelle idée d'aller là bas !
D'abord, il y a le taxi, complètement pourave, avec un chauffeur qui 
ne connait pas un mot d'anglais et n'arrête pas de cloper. Plus de six 
heures là dedans, partagées avec un américain complètement azimuté.
Ensuite, il y a tous les check point qui jalonnent le parcours. J'insiste pas, vous connaissez maintenant la chanson.
Après, il y a la ville de Tashkurgan, rien à voir, rien à faire. Désert dès la nuit tombée.
Il y a cette immense auberge de jeunesse et ces quelques chinois égarés 
qui tapotent le smartphone en fumant clopes sur clopes. Cette faune 
américano européenne tout aussi égarée, qui s'échange des tuyaux sur la 
manière d'entrer au Pakistan ou au Tadjikistan
Heureusement, il y a la route du Pamir chinois, bordée de pics à plus de 7000m.
Il y a le sentiment de ne plus être en Chine, avec une population dont les traits sont ceux du moyen Orient. Et ces femmes aux étonnantes coiffures et costumes chatoyants.
Il y a le fait d'avoir atteint la plus occidentale des villes chinoises,
 loin de la foule des sites touristiques. Une sorte de bout du monde.
Les photos
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Jeudi 6 septembre 2018
Frontière kirghize : une épopée surréaliste
La route qui va de Kashgar à la frontière avec le Kirghizistan fait 
un peu plus de 200 km et passe dans de beaux paysages de montagnes 
colorées, désertiques, aux plissements acrobatiques. Voilà pour la 
partie bucolique du voyage.
Hier j'ai réussi à réunir 4 personnes pour louer un minibus afin d'atteindre plus facilement cette frontière : un espagnol et un argentin que j'avais déjà rencontrés à Turpan, et deux néozélandais qui avaient répondu à l'annonce laissée à l'auberge. Mais cette frontière mythique se mérite, car ici se révèlent toute l'absurdité et la paranoïa des chinois.
Le point culminant est la traversée de la ville de Wuqia, 50 km après 
Kashgar. Finalement, après décomptes avec mes compagnons de galère, nous
 avons du passer une dizaine de check points avec :
- épluchage des passeports : 14 fois, certaines fois par deux flics cote à cote.
- contrôle des sacs : 4 fois.
- épluchage du smartphone : 2 fois, avec effacement des photos "non conformes", inscription de ton IMEI dans le registre de sortie !...
- épluchage des passeports : 14 fois, certaines fois par deux flics cote à cote.
- contrôle des sacs : 4 fois.
- épluchage du smartphone : 2 fois, avec effacement des photos "non conformes", inscription de ton IMEI dans le registre de sortie !...
Absurde et surréaliste à la fois, puisque mon appareil photo est resté 
dans le sac, mes applications sont en français, mes photos depuis 
longtemps en ligne...
Du coup, avec tout ça, on est arrivé juste pendant la pause repas du 
dernier contrôle avant le no man's land qui marque le passage entre les 
deux pays. Et boum! 1h30 d'attente en plus, en compagnie des camionneurs
 bien plus rodés que nous.
Que penser?
Les flics eux mêmes ne sont pas dupes. Ils jouent le rôle qu'on leur demande, mais il arrive qu'on leur arrache un sourire tant eux mêmes se rendent bien compte du ridicule de la situation.
Quel but ?
C'est la grande question à laquelle mes compagnons et moi sommes tentés de répondre par "faire ch... le monde". Te montrer que ta place n'est pas ici, mais avec les autres touristes, là bas dans l'est, à Shanghai, Xi'an ou Canton.
Quant à toi, voyageur d'un pays démocratique, tu vis vraiment ça comme 
une agression, une humiliation, une violation de ton espace privé. Et 
encore moi, on me respecte, on me parle correctement.  Aujourd'hui, je 
mesure mieux ce que peut ressentir au quotidien un palestinien ou un 
citoyen d'un pays occupé. Une expérience unique ! Merci aux chinois.
Le pompon
Ca reste quand même, après le franchissement du dernier obstacle avant la délivrance du tampon de sortie,
 ce bouton lumineux sur lequel tu appuies pour évaluer ton passage. 
J'étais tellement surpris que ça s'est éteint avant que je réagisse. 
L'espagnol, avec beaucoup d'humour et de dérision, a eu le temps de 
voter "excellent". Finalement, il n'a pas tort, on peut difficilement 
faire mieux !
PS : j'ai largué mes acolytes à la frontière. Ils ne voulaient pas payer un taxi pour continuer. Du coup je me suis payé le taxi direct pour Osh. Les 100 premiers kilomètres sont fabuleux. J'ai pas pu faire beaucoup de photos, mais j'y repasse lundi pour aller au Tadjikistan.
Les photos
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Vendredi 7 septembre 2018
Osh : welcome to Kirghistan !
Portable dans une main et volant dans l'autre, mon jeune chauffeur 
avale à fond la caisse les virages de l'interminable descente qui 
conduit à Osh. Comme le volant de son 4X4 japonais est à droite, je fais
 parfois office de copilote.
Sa conduite plutôt sportive et ses dépassements tous azimuts devraient normalement me faire serrer les fesses, mais le gars maîtrise parfaitement son sujet. Un artiste dans son genre qui traverse, évite ou dépasse avec habileté tous les obstacles qui surgissent sur la magnifique route qui longe d'abord les plus hauts sommets du Kirghisistan, traverse ensuite des hauts pâturages verdoyants parsemés de yourtes, puis des montagnes déchiquetées aux roches multicolores, avant de terminer sa course dans la plaine de Osh.
"Welcome in Kirghistan !"
Tels ont été les premiers mots des gardes frontière kirghizes. Large 
sourire, un coup de tampon sur le passeport et basta. Ça nous change de 
la galère chinoise vécue juste avant.
Finis l'invasion des uniformes, les caméras de surveillance, les fouilles, les check points... et les lits sans matelas. Ici on respire, même si l'air est pas mal pollué.
Finis l'invasion des uniformes, les caméras de surveillance, les fouilles, les check points... et les lits sans matelas. Ici on respire, même si l'air est pas mal pollué.
En revanche, le Kirghisistan n'a pas l'opulence de son voisin. Service 
minimum pour la ville de Osh, la deuxième du pays, avec ses trottoirs 
défoncés, ses rues poussiéreuses et sans éclairage, ses immeubles 
déglingués de l'époque soviétique, ses mendiants... Les normes 
sanitaires, environnementales, de sécurité électrique... ce n'est 
toujours pas pour demain. Mais tu as une assiette repas pour un euro et 
les cornets de glace sont à 25 centimes. Bref, une ville du tiers monde.
Les photos
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Mardi 11 septembre 2018
Sari Mogol : fantastique Lénine
Bien sûr je ne parle pas du premier vecteur de la catastrophe 
communiste, mais du Pic qui porte encore son nom (dérision ? nostalgie 
?) posé sur la frontière entre Kirghistan et Tajikistan.
Pour arriver à ce panorama éblouissant, j'ai quitté Osh en compagnie de Christian en taxi partagé jusqu'au village de Sary Mogol, niché sur un vaste plateau venteux et poussiéreux.
Ce matin un taxi nous a fait traverser ce plateau par une piste de 20km 
jusqu'au camp de base du Pic Lénine. Après, une randonnée plutôt facile 
(20 km A/R, D+800m) permet d'atteindre l'épaule d'une moraine à 4200m, 
fabuleux belvédère sur le massif. Forcément grandiose et inoubliable. A 
mettre sur le podium de mon top randos.
Les photos
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Murghab : le président sous la neige
La route qui relie le sud du Kirghistan à Murghab au Tadjikistan a peut être été 
partiellement goudronnée du temps de Staline, mais elle est restée 
depuis à la merci des intempéries. Il faut une bonne journée bien tape 
cul. Autant s'y faire, ce sera comme ça durant 
toute la traversée du pays. Mais les paysages sont magnifiques, ils ne 
se décrivent pas, il faut les vivre.
Grâce à deux jeunes israéliens dynamiques et débrouillards, nous avons partagé un taxi en compagnie de trois taïwanais accrochés à leur appareil photo. Après avoir passé la frontière sans difficultés particulières (sauf une heure trente d'attente, tu sais pas pourquoi...), puis traversé un désert de montagnes, tout juste égayé par l'étonnant lac Karakul, nous voilà à Murghab, petite ville dont on se demande un peu comme nous ce qu'elle fait ici, surtout quand on y arrive le soir.
A Murghab, point de rues goudronnées, point d'éclairage public, point 
de toilettes, point de lit, pas toujours d'eau ni d'électricité, mais...
 et oui, un soupçon de WIFI qu'il faut pouvoir accrocher au bon moment. 
On dort sur des tapis à même le sol, on mange végétarien et il faut 
traverser la chambre des hôtes pour aller dans la nôtre. Mais l'étape 
s'impose et il y a un ou deux treks intéressants.
Et bingo !
C'est justement ce jour que le président a choisi pour se perdre dans ce trou.
Du coup la ville est paralysée : pas de taxi, tout fermé. Juste la 
possibilité de déambuler dans le patelin avec son passeport. Donc ce 
sera matinée de repos (forcé). Ici à la guesthouse, les hôtes ont 
préparé leur plus beau costume. Finalement, ça devrait valoir le coup 
d'œil (à suivre...)
... Et finalement c'est sous la neige (faut dire qu'on est à 3600m) que le président est venu en hélicoptère ce matin inaugurer un bâtiment tout neuf juste en dessous de notre guesthouse. Du coup, on est resté bien à l'abri pour suivre de loin la cérémonie, sans voir autre chose que la garde rapprochée qui encerclait le bâtiment.
Pour ce qui est du président, on s'est contenté des nombreux portraits exposés dans la ville.
Les photos
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Murghab : le manager règne sur la ville
Gumbeskul pass est un trek de 18km qui démarre au fond d'une vallée 
sauvage à 20 km de piste de Murghab. On grimpe à 4.750 m, puis on 
redescend dans une autre vallée, tout aussi sauvage, à 25 km de Murghab.
Il faut donc affréter un 4X4 qui nous amène dans la première vallée et vient ensuite nous récupérer dans la deuxième. Et faire confiance au chauffeur !...
Ce qui fut brillamment organisé par le patron de l'unique hôtel local, 
le "manager" comme on l'appelle ici, une sorte de grand manitou -au 
demeurant fort sympathique- par qui semble passer une bonne partie de 
l'organisation touristique et la logistique des transports. Mais les 
prix qu'il négocie sont corrects. Et c'est même lui qui prend la 
commande au resto !
Un bon plan pour Murghab ? Alors n'hésitez pas, passez par lui.
Les photos
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Samedi 15 septembre 2018
Pamir highway : le passeport universel des français
La route qui relie Murghab à Khorog, aussi appelée Pamir highway, est sans conteste une des plus belles du monde, mais en parcourir les 350 km a un coût : 15 dollars. Pour ce prix là, faut pas s'attendre à de la première classe dans un 4X4 rempli avec sept autres passagers.
Pour ma part, je me suis retrouvé devant à partager le siège conçu pour une personne et demi avec un autochtone.
Dans ces conditions, il vaut mieux sympathiser avec ladite personne parce
 qu'autrement la journée risquerait d'être pénible. Et c'est là 
qu'intervient le passeport magique du voyageur français, à savoir : "le 
football !". En plus, champions du monde, ça t'ouvre encore plus les 
portes, et on me serre la louche comme si j'avais fait partie de 
l'équipe.
Dans le projet initial, j'avais envisagé de rejoindre Khorog par la 
route sud, le long de la frontière afghane. Mais la saison est déjà bien
 avancée et il n'a pas été possible de trouver un véhicule pour nous y 
emmener. Tant pis, on en fera quand même un bout au départ de Khorog.
Pamir highway, parmi les plus belles routes du monde
Sinon, la Pamir highway enchaîne les soubresauts en permanence, que ce soit dans ses parties goudronnées ou dans ses tronçons en piste. Il vaut mieux avoir un œil sur l'état de la route avant d'admirer le paysage au risque de se casser le dos. La première moitié traverse un haut plateau désertique où ne survivent que quelques loups errants. L'autre moitié est une longue descente dans une vallée verdoyante arrosée par un torrent aux eaux turquoise. Pour donner une image, ce serait un peu comme une haute vallée aragonaise avec les plus hauts sommets des Alpes en arrière plan.
Hormis son parc, la ville n'a pas beaucoup de charme mais comparé à Murghab, ici c'est l'opulence. On a même une salle de bain dans notre homestay avec de la vraie eau chaude, c'est vous dire. Et en plus le climat et l'altitude (2000m) ont changé, ce côté ci du Pamir est plus chaud et plus ensoleillé.
A deux pas d'ici, c'est l'Afghanistan, misérable, quasi inaccessible. 
Mais sans danger car le couloir de Wakham que nous devrions emprunter 
demain vers Ishkashim (côté tadjik) n'est pas aux mains des talibans.
Les photos
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Dimanche 16 septembre 2018
Pamir à vélo : mieux vaut y réfléchir à deux fois
Le Pamir est une région réputée pour les randonneurs cyclistes au 
long cours. L'attentat de juillet où quatre d'entre eux (dont un 
français) ont été volontairement fauchés puis égorgés par des 
djihadistes ne les a en rien dissuadés. On en voit un ou deux de temps à
 autre sur la route, chargés comme des mules, en train de slalomer 
autour des nids de poules.
Deux d'entre eux ont fait étape dans la même guesthouse que nous. Il en ressort que, compte tenu des difficultés de la route, pédaler ici exige une énorme force de volonté car :
- tu dois constamment surveiller ta trajectoire à cause des nids de poule, du coup tu ne profites même pas du paysage
- on dépasse difficilement les 40 km par jour en raison de l'état des routes et des conditions climatiques
- ce qui fait qu'il faut parfois deux jours pour monter un col
- même dans les descentes il faut souvent pédaler à cause de la piste trop sablonneuse
- on peut passer plusieurs jours sans voir de village, il faut donc prévoir le matériel de bivouac et le ravitaillement en conséquence
- quand le vent souffle, il souffle, et c'est généralement de face
- à 4000 m, ca caille !
Du coup, tu te retrouves avec un ensemble vélo + matériel qui pèse près de 50 kg, et qu'il faut souvent pousser dans les raidillons.
J'avais bien compris tout ça en farfouillant sur les forums. Mon projet initial d'une partie de la route de la soie à vélo est vite passé à la trappe. Mes prochaines itinérances à vélo, ce sera en Europe ou en Amérique du Nord.
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Khorog : taxi partagé, ne pas se laisser monter sur les pieds
Pas de lignes de bus dans le Pamir, le relief et l'état des routes ne
 le permettent pas. Il faut donc utiliser le taxi, en général un 4X4, 
qui peut être privé ou partagé. Pour le taxi privé, on paye à la course 
et on partage selon le nombre de personnes. Comme ça tourne autour des 
100 dollars (pour 100 à 200 km) ça ne devient intéressant qu'à quatre 
car on gagne beaucoup de temps.
Pour le taxi collectif, il faut se rendre au point de rassemblement et trouver un chauffeur qui accepte de vous conduire, mais il faut attendre que le véhicule soit rempli avant de partir. Mieux vaut donc arriver tôt. Dans ce cas, ça coûtera 10 dollars pour 200km. Les prix sont fixes, même si je pense que les autochtones payent souvent un peu moins cher.
Voilà pour le postulat de départ. Mais rien n'est simple car l'enjeu pour le chauffeur est double :
- Faire le plein de son taxi (7 ou 8 passagers)
- Trouver des passagers qui vont jusqu'à son terminus, puisque ceux là paieront le prix maximum, alors que ceux qui descendent à mi parcours ne paieront que la moitié.
- Faire le plein de son taxi (7 ou 8 passagers)
- Trouver des passagers qui vont jusqu'à son terminus, puisque ceux là paieront le prix maximum, alors que ceux qui descendent à mi parcours ne paieront que la moitié.
Ceci étant posé, j'en arrive au fait.
Ce lundi matin nous trouvons très rapidement un taxi qui va nous emmener
 de Khorog à Langar, dans la vallée de Wakham, une étonnante région dont
 je reparlerai tout à l'heure. Langar, ça tombe bien pour lui, c'est son
 terminus. Le prix, 10 dollars pour 200 km, ne se négocie même pas. En 
plus, avec nous, il affiche complet, 7 places assises : nous deux, un 
polonais habile négociateur russophone que nous avions connu à Osh, un 
américain photographe également russophone, un archéologue australien 
d'origine polonaise lui aussi russophone, deux autochtones partis faire 
des achats et que nous devrons attendre une demie heure, dont l'un doit 
descendre à mi parcours (élément important pour la suite). Tout 
s'annonce donc bien...
Ça frotte un peu au moment de la répartition des places. La meilleure, 
celle de devant, est objectivement attribuée à l'Américain en raison de 
son gabarit. La banquette centrale, la plus confortable, nous nous 
l'attribuons d'office avec le polonais, après tout nous payons plus cher
 et les autres ne sont pas revenus du marché. L'archéologue ne rechigne 
pas à la banquette arrière. Les deux autochtones finissent par arriver 
et s'installent aussi derrière sans trop rechigner non plus. A sept 
passagers, le taxi est donc complet et prêt à partir.
Mais voilà que surgit un autochtone à casquette et yeux bleus, dont on finit par comprendre qu'il veut monter avec nous.
Il nous demande de nous pousser pour monter à quatre sur la banquette centrale. Cet enf... de chauffeur n'intervient pas bien sûr, d'autant plus que le bonhomme va jusqu'au terminus. (En fait ils se connaissent bien, on le découvrira plus tard). Le type compte bien que nous accepterons sans rechigner. Mais il se fourre le doigt dans l'œil car il est hors de question que nous soyons serrés comme des sardines toute la journée, ce qu'on ne manque pas de lui faire savoir. Le mec tente alors une installation en force sur la banquette arrière, mais forcément ça coince. Du coup, il tente à nouveau sa chance avec nous, mais là encore il se fait proprement rembarrer et le chauffeur en prend pour son grade (mon premier coup de gueule dans ce pays) : si le gus monte, nous on se tire !
Le rapport de force est donc en notre faveur et le chauffeur l'a bien 
compris. A lui maintenant de gérer la situation. Et après 10 bonnes 
minutes de palabres en tadjik, c'est finalement le pauvre mec qui devait 
descendre à mi parcours qui se fait éjecter ! Je ne l'ai pas vu mais je 
crois bien qu'il nous a gentiment bénis...
Pour couronner le tout, à mi parcours, le chauffeur a retenté le coup, 
cette fois-ci avec sa propre frangine qui attendait sur le bord de la 
route. Mais les regards apitoyés de l'une et de l'autre ne nous ont pas 
fait céder d'un pouce. Nous partîmes donc à 7 et arrivâmes à 7. Enfin 
presque, car à deux kilomètres de l'arrivée, nous avons pris avec nous 
un enfant qui sortait de l'école. Celui là, nous aurions eu des 
scrupules à le laisser au bord de la route, la nuit commençait à 
tomber...
Sinon, la route (souvent goudronnée) que nous avons empruntée remonte le cours de la rivière frontière entre le Tajikistan et l'Afghanistan.
D'un côté "l'opulence" du 18 eme PIB ( par ordre décroissant) et de 
l'autre celle du 10eme. D'un côté un semblant de route goudronnée, des 
téléphones portables et des bagnoles. De l'autre, une simple piste, des 
maisons en terre et des paysans qui avancent à pied ou à dos d'âne. Mais
 le paysage est d'une beauté sauvage et harmonieuse dans sa première 
partie. Par la suite, la rivière s'étale dans une vallée élargie et 
assez verte. 
La route est l'unique axe de circulation. Ici s'affiche la vie rurale 
toute grouillante de la vallée. Un régal pour les yeux, avec en prime 
comme toile de fond, à seulement une dizaine de kilomètres, le massif de
 l'Hindou Kouch, frontière avec le Pakistan. Régulièrement des vallons 
perpendiculaires laissent entrevoir d'audacieux sommets enneigés. 
Inoubliable !
Grâce entre autres aux russophones, les relations se sont bien détendues
 avec le chauffeur et le huitième passager. Au point qu'avant d'arriver,
 le taxi qui fait aussi guesthouse propose de nous héberger pour 15 
dollars en demie pension, habilement renégocié à 10 dollars par notre 
ami polonais (quelle perle celui-là !)
Quand au huitième passager, celui qui voulait passer en force, au 
premier point d'arrêt juste en face de l'Afghanistan, il a voulu me 
faire croire que des talibans en embuscade allaient nous tirer dessus, 
ce qui m'a particulièrement gonflé. Finalement à la fin du voyage, 
toujours grâce aux russophones, on s'est (presque) congratulés !
Comme à Mykonos
La guesthouse est située 500 m après le village, dans une superbe vallée suspendue, au pied des pics Marx et Engels. C'est en fait une belle propriété toute blanche, nous sommes bien étalés dans plusieurs chambres, l'accueil est convivial. Un coup de cœur instantané pour ce lieu quasi magique et totalement inattendu. Pour un peu on se croirait sur une île grecque. Du coup, nous allons revoir notre projet et probablement finir ici notre séjour au Pamir.
Les photos de la route et de Langar
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Langar : Marx et Engels, un peu frustrants les cocos
Notre guesthouse est à 500 m du départ du trek vers le pic Engels. C'est une belle rando qui conduit à un lac d'où émerge au loin la masse blanche du pic. Nous avons voulu pousser au-delà du lac avec l'ambition d'aller toucher la glace.
Pour y parvenir, il faut franchir la moraine du glacier qui est épouvantablement longue. Au bout d'une heure de grimpe dans la caillasse et les blocs instables, nous avons dû faire demi tour. Il faut en fait deux jours pour atteindre le glacier. En plus la randonnée ne permet pas non plus de voir son voisin, le Karl Marx. Bilan : plus de 20 km, d+ 1200, un peu frustrant...
Journée plus calme le lendemain avec une randonnée vers les ruines d'un 
fort vieux de plus de 2000 ans, importante étape sur la route de la 
soie. La frontière afghane est à deux pas, juste de l'autre côté du 
ravin, presque à toucher depuis le fort. L'endroit, très isolé, est 
assez unique et envoûtant. Pour y aller nous avons pris un raccourci qui
 passe près du camp militaire et nous nous sommes fait gentiment (sans 
ironie) raccompagner sur la bonne route par une patrouille.
A propos des tadjiks
C'est l'occasion de dire qu'ici les gens sont simples, pauvres même pour la plupart, mais jamais personne ne te demande quoi que ce soit, ne te sollicite pour ceci ou cela, n'exige un bakchich. Quand on t'adresse la parole, c'est souvent pour échanger quelques mots d'anglais. C'est agréable de savoir qu'il n'y a pas d'arrière pensée. Beaucoup de dignité chez les tadjiks. Je suis très admiratif.
Notre guesthouse est au cœur d'une vallée agricole où pousse un blé sans doute très bio mais bien peu productif. La récolte, le battage, le tri, tout se fait à la main ou plus rarement avec d'antiques machines. Ce tableau d'une campagne idéalisée me rappelle les scènes rurales des célèbres enluminures médiévales "les riches heures du duc de Berry" que j'utilisais comme support pour mes leçons d'histoire.
Les photos du pic Engels
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Jeudi 20 septembre 2018
Khorog : l'instit arrondit ses fins de mois
Retour à Khorog pour une courte étape avant de filer sur Douchanbé, la capitale. Le taxi qui nous amenés, hébergés, nous fournit aussi le retour. Un vrai tour opérateur. Le voyage est plus calme qu'à l'aller et nous arrivons à Khorog sans histoire après une journée de route. La patronne de notre guesthouse est institutrice. L'occasion de parler métier. Ici, une moitié des enfants va à l'école le matin, l'autre moitié l'après midi.
Je comprends mieux pourquoi on voit circuler les enfants en uniforme 
(tenue bleu marine pour les filles avec ruban blanc, costard cravate 
sombre pour les garçons) matin, midi et soir. Et notre hôte est au même 
régime, elle travaille de midi à 16h. Elle a 25 filles et garçons dans 
sa classe bilingue tajik- russe, et les enfants ont aussi une prof 
d'anglais.
L'avenir ici n'est pas bien rose pour ces enfants. Deux des filles de notre hôte travaillent à Moscou, ainsi que son mari...
Pas sûr que le métier rapporte beaucoup, pas plus que la guesthouse. Preuve en est, elle nous a demandé de payer notre pension avant que le marché ne ferme pour pouvoir acheter les œufs du petit déjeuner...
Et puisqu'on est dans la pédagogie...
Hier soir, à Langar, la maîtresse de maison vient me voir avec son fils de 10 ans. Elle me montre un cahier d'écolier et un bouquin d'histoire où figure une photo d'un vase grec. Je finis par comprendre qu'elle voudrait que je fasse le dessin à la place du gamin. Dans mon anglais approximatif, je lui explique qu'en tant qu'ex instit, je ne peux pas. Pour un enseignant, peu importe que le dessin soit réussi ou non. Ce qui compte, c'est que ce soit l'enfant qui le fasse.
Ce qu'elle semble 
avoir compris puisqu'elle n'insiste pas. Sauf que 5 minutes après, en 
jetant par hasard un œil dans le salon familial, j'aperçois la grande 
sœur consciencieusement appliquée à faire le dessin...
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Vendredi 21 septembre 2018
Khorog : are you going to Douchanbe ?
L'instit guesthouse nous avait promis "Douchanbé ! No problem !" Tu parles... La ligne aérienne est interrompue depuis deux jours. Dommage, on ne va pas profiter d'un magnifique vol au ras des pics enneigés. A la place, on va devoir se taper encore une très très longue journée de taxi tape-cul.
Arrivés à 8 h au point de regroupement, à côté de l'aéroport, on 
s'étonne du faible nombre de véhicules, et personne pour nous sauter 
dessus. Comme il n'y a toujours pas de vol, les taxis ont vite été 
remplis. Seuls restent les derniers à la recherche de l'ultime passager 
qui fera le plein. Impossible de partir à deux et l'unique place 
restante a doublé de prix.
On reste là à se demander comment on va se sortir de ce pétrin, quand 
soudain déboule un véhicule en apparence bien équipé en sièges 
confortables. En descend une jeune femme plutôt classe :
- Are you going to Douchanbe ?
Ouf ! La chance est avec nous, et aussi avec les deux jeunes cyclistes françaises qui viennent de débarquer.
- Are you going to Douchanbe ?
Ouf ! La chance est avec nous, et aussi avec les deux jeunes cyclistes françaises qui viennent de débarquer.
La jeune femme travaille à Moscou dans l'import et le traitement de pierres précieuses. Coincée par l'absence de vol pour Douchanbe et la saturation des taxis, elle a demandé à son beau-frère de l'amener. Trois femmes tadjikes et la fille de la bijoutière - qui n'arrête pas de vomir - complètent l'équipage. Et nous voilà donc partis normalement pour une quinzaine d'heures de voyage, toujours le long de la frontière afghane, mais pour une fois en galante compagnie. Et ce n'est pas parce que nous voguons vers la capitale que la route est meilleure !
Très souvent en descente, elle emprunte les méandres de la rivière 
grossissante. Ici les montagnes desséchées s'érigent en canyons pour 
soudain débouler dans de larges vallées fertiles où on découvre que chez
 les Afghans, il n'y a pas que des pauvres. 
La bagnole était pas trop mal de l'intérieur, mais on n'avait pas fait gaffe au reste
Fallait bien que ça arrive : la crevaison. Et la roue de secours quasi à plat. Je sais pas comment, mais on était arrêté dans un hameau de trois maisons, et bien le chauffeur est revenu avec un pneu en bon état qu'il a fait monter trois kilomètres plus loin dans un de ces garages complètement paumés qui agrémentent les bords de route. La débrouille façon tadjike...
N'empêche qu'à 18 heures, on n'était encore qu'à Kalaikum, à mi chemin, et la nuit commençait à tomber. Et pour couronner le tout, on est tombé en panne. Normalement soit ça se répare vite, soit on passe la nuit ici. Du coup, apprenant qu'un taxi était en rade, le patron de l'hôtel d'en face s'est précipité pour nous louer des chambres. Trop drôle !
On n'aurait vraiment pas dû repartir
 Finalement, après plus de deux heures d'attente, nous voilà repartis. 
Mais on aurait vraiment dû dormir là, car rouler de nuit dans ce pays, 
c'est un sacré défi. Résultat, avec la batterie out, un phare en panne, 
la visibilité plutôt faiblarde, on s'est pris une vache dans le buffet. 
Bilan pour la bagnole : capot défoncé, phare gauche en vrac 
(heureusement celui qui était déjà out), pare choc dans le fossé. Quant à
 la pauvre vache, on ne sait pas ce qu'elle est devenue vu que le 
chauffeur ne s'est pas arrêté de suite.
Avec tout ça, et après plusieurs checkpoints où le chauffeur donnait 
chaque fois son bakchich, on a quand même fini par arriver entiers à 
Douchanbé à sept heures du matin, après 22 heures de route pour faire un
 peu moins de 600 km!
Au pays des soviets
Au pays des soviets
Ici on a trouvé un hôtel à bon prix qui a eu ses heures de gloire au bon temps du communisme triomphant. Maintenant, il est à l'image de l'idéologie et de son personnel : pas mal décrépit.
Pour ce qui est de la capitale, avec ses riches avenues, ses bâtiments à
 l'architecture soviétique revue façon Las Vegas, on a du mal à imaginer 
que le pays autour d'elle est si dépourvu de tout.
Les photos
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Lundi 24 septembre 2018
Monts Fan : c'est toujours le même qu'on emm...
Départ pour les monts Fan à 200 km au nord de la capitale. Cette fois
 ci, il y a pléthore de taxis et c'est la ruée pour nous proposer des 
places. Du coup les prix chutent de façon vertigineuse et atteignent le 
plancher en moins de trente secondes. Le taxi est un sept places. Celle 
de devant est déjà prise. Pas de problème pour avoir la banquette du 
milieu dans la mesure où les locaux qui payent moins cher prennent celle
 du fond.
Sur notre banquette, il y a encore la place du milieu qui malheureusement ne reste pas vide longtemps. Sauf que c'est une jeune vierge en habit coloré qui débarque. Et là, pas question qu'elle se mette au milieu. Soit disant qu'elle a tendance à gerber. Tu parles. Et comme je suis le plus petit gabarit, une fois de plus c'est moi qu'on veut pousser au milieu. Mais là encore, niet, je ne bougerai pas !
Finalement, la masse agglutinée autour de moi qui me faisait pression 
finit par céder, et la fille se barre avec sa poupée emballée dans un 
énorme paquet rose. Le taxi râle aussi, mais il n'a pas de peine à 
trouver un mâle viril pour la remplacer. Comme le voyage ne dure "que" 
cinq heures, c'est pas un problème.
En conclusion, si tu veux être peinard, n'espère pas que la place du milieu soit vide, achète-la !
La route est à péage alors qu'il n'y a que deux voies de circulation. En fait, on casque pour des tunnels à l'aménagement basique où ça frole l'asphyxie. C'est une belle route qui serpente sur du goudron, entre montagnes et canyons. Perdu l'habitude de pousser des pointes à cent à l'heure.
Vraiment sympas les tadjiks
Artuch, le village de départ du trek, est au fond d'une vallée. On y vit comme dans la montagne espagnole il y a un siècle, le portable en plus. Pour nous trouver un hébergement, les locaux qui étaient dans le taxi ont prospecté avec leur portable. Puis ils m'ont tendu le téléphone. Après un premier échec avec quelqu'un dont je ne comprenais pas le charabia, j'ai eu le "calife" du village qui, dans un très bon français, a pris tous les renseignements sur nos intentions. Peu après, un hébergeur anglophone a appelé. Sympas les tadjiks.
L'hébergement est plus que sobre, je le qualifierais même de "médiéval". Les montagnes Fan sont à la pointe occidentale de l'Himalaya. Trek du jour jusqu'au lac Kulikalon, aussi beau que les lacs des Rocheuses canadiennes.
Les photos
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Mercredi 26 septembre 2018
Samarcande : les avantages du plat pays
J'aurais jamais imaginé passer un jour la frontière entre le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Mais voilà, c'est fait. En plus, les formalités et contrôles sont rapides, il n'y a pas d'attente.
Un bus régulier nous a ensuite amenés à Samarkand pour 2000 soums (20 c d'euros !). Comme a dit Christian :" à ce prix là, on peut acheter le bus" (voir anecdotes des taxis). Eh oui, 1 € vaut 10 000 soums! Il n'y a pas de gros billets, tout le monde se promène avec des liasses impressionnantes dans les poches.
Au programme, les trois cités incontournables de la route de la soie, 
classées au patrimoine mondial : Samarkand, Boukhara et Khiva. Terminée 
la corrida des taxis collectifs pour se déplacer. Ici, vu que le pays 
est tout plat, ce sera en train. Et même si la saison est bien avancée, 
il faudra quand même partager ces merveilles avec les tours opérateurs 
nippons, chinois, français, italiens... D'ailleurs ici, à Samarcande, ça
 parle français à tous les coins de rue.
Les premières photos
Madrasas, mosquées, mausolées... en veux-tu en voilà !
Coup de chance aujourd'hui c'est tout gratuit, journée internationale du patrimoine touristique (enfin un truc comme ça ). Cependant, quand on voit sur les photos anciennes l'état de tout ça il y a un siècle, on constate que tout est refait, remonté... Sur certaines façades, il ne reste que quelques fragments des mosaïques d'origine.
Les photos
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Vendredi 28 septembre 2018
Boukhara : une ville (un peu) morte
En moins d'une heure trente le train rapide tout confort te propulse 
de Samarcande à Boukhara, à travers un paysage qui alterne terres 
désertiques et champs de coton où s'affairent des ramasseurs pas 
forcément volontaires (voir le reportage de l'équipe d'Elise Lucet sur 
le coton ouzbek).
Boukhara ne manque pas de charme, mais la restauration du centre de la cité en a fait une ville musée, vidée de ses habitants et remplie par les touristes. Toutes les madrasas sont occupées par des vendeurs de tissus, souvenirs et autres pacotilles. Au moins ça met de la couleur sur les photos ! Et vu qu'on est en fin de saison touristique, ils ont un peu tendance à sauter sur le client, mais ça reste raisonnable, rien à voir avec le Maroc.
Dès qu'on quitte le centre historique, plus rien n'est restauré. Il 
reste pas mal de constructions encore déglinguées, combinées au bric et 
broc des habitations souvent dans le même état, on a une idée de ce 
qu'était la ville avant qu'elle ne soit sous tutelle de L'UNESCO.
Les photos
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Mardi 2 octobre 2018
Khiva : pour finir en beauté
Avant de monter dans le wagon du train de nuit qui va me conduire de Samarcande à Khiva, le contrôleur me tapote amicalement l'épaule, d'un air de dire "bon courage mon gars". Mais rodé que je suis aux trains chinois, l'expérience n'a rien d'exceptionnel. En plus, j'ai pris la précaution de prendre la classe business, à quatre par compartiment.
Le wagon est plus vétuste que chez les chinois, et ça puait le chacal quand le contrôleur a ouvert la porte, vu que trois ouzbeks moisissaient là dedans depuis le départ du train à Tashkent.
Mais tout ça s'est vite dissipé en laissant la portière ouverte. 
Finalement je n'ai pas trop mal dormi, et ce matin au réveil on m'a 
offert le thé et du pain sec. Au moins ici j'échappe à l'Ouzbékistan 
ultra touristique, mes compagnons de voyage ne parlent d'ailleurs pas un
 mot d'anglais. Et ce n'est pas le paysage désertique du Kyzyl-Koum qui 
va me distraire.
Il reste encore un peu d'eau dans l'Amou Daria, un des deux fleuves qui alimentaient autrefois la mer d'Aral. Plus loin, après la ville sinistrée de Noukous, il ne restera plus rien.
Khiva est la pointe occidentale de ce voyage et mon terminus de la route
 de la soie. A un jet de pierre, c'est le Turkménistan, et un peu au 
delà, l'Iran. La vieille ville est bien sûr très restaurée à l'intérieur
 de ses remparts, mais elle possède un charme fou, plus intime et moins 
spectaculaire que Samarcande ou Boukhara, tout particulièrement au 
coucher du soleil. Manquent juste les habitants, les bazars, les bruits,
 les odeurs...
Mon hôtel est au pied des remparts, c'est une ancienne madrasa reconvertie en caravansérail. Avant moi, c'étaient d'autres chameaux qui devaient loger dans ma chambre.
Les photos
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Khiva : portrait type du tour opérateur
Je sais c'est pas gentil, mais je ne peux pas me priver d'un petit 
essai sur le sujet, agrémenté d'une mauvaise foi évidente. Et puis 
peut-être qu'un jour ce sera mon tour. Mais là je revendique le droit à 
l'euthanasie.
Donc le quidam standard du tour opérateur :
- Utilise sa bedaine comme support de l'appareil photo (homme)
- Descend les marches une à une laborieusement et de côté (femme)
- Est obligé de s'asseoir pour subir les explications fastidieuses du guide (femme)
- Progresse penché de côté, comme les minarets, en se tenant le dos (femme)
- Attaque les escaliers en s'accrochant à la rambarde (tous)
- Parvient en haut des marches en soufflant comme un phoque (homme) ou s'arrête à mi parcours pour reprendre son souffle (femme)
- Stationne son bus climatisé devant l'hôtel ou le restaurant, là où l'angle photographique est le meilleur
- Parle toujours très fort et dans une langue étrangère (tous)
- Négocie âprement de l'artisanat made in China (homme)
- Foire complètement le cadrage quand vous lui demandez de vous photographier (tous)
- Photographie les monuments sous tous les angles, de préférence à contre-jour (asiatique)
- Photographie toutes les femmes décorées en les prenant pour des autochtones (homme)
- Porte un affreux chapeau mou et un horrible tee-shirt à rayures (homme)
- Est capable de trouver de la bière même en terrain intégriste (allemands)
Les photos
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Jeudi 4 octobre 2018
Khiva : les mamas ouzbeques en route pour la capitale
Le train retour pour la capitale lambine en douceur au milieu des 
sables du désert. Il est en meilleur état que celui de l'aller. Tant 
mieux car à cette allure le voyage dure quinze heures. Je suis 
accompagné de deux mamas typiquement ouzbeks, c'est à dire près de cent 
kilos en costume traditionnel, décorés d'une brochette de dents en or. 
C'est à se demander si dans ce pays on ne se fait pas arracher les dents
 exprès !
Passé un certain âge, la femme ouzbèke (mais pas qu'elle) a tendance a profiter des largesses alimentaires de son pays et de l'invasion des cochonneries "made in USA". Bien loin des femmes tadjikes, toujours minces et élégantes, même au-delà de la ménopause. Faudra se contenter du portrait écrit, ces dames ne désirent pas que je fasse une photo avec elles. L'autre voyageur est un quadra ouzbek. Je n'en saurai pas plus car aucun ne parle anglais, mais les mamas n'arrêtent pas de bavarder dans la bonne humeur et la rigolade. J'aimerais bien comprendre ce qu'elles se racontent.
Du coup, à même pas 17h, je suis invité à partager leur repas, une sorte de pizza façon ouzbèke, faite d'un pain rond et plat, agrémenté de quelques ingrédients inconnus, et accompagné d'une viande séchée. Me voilà calé pour la nuit.
La mixité du compartiment ne semble déranger personne, juste que les 
mamas resteront sur les couchettes du bas, car il faut être équilibriste
 ou grimpeur chevronné pour atteindre celles du haut. Ce n'était pas le 
cas à l'aller où il semblerait que je sois tombé dans un compartiment 
uniquement féminin (c'était vers minuit, je n'ai pas bien vu) car le 
contrôleur m'a rapidement expédié vers un autre compartiment.
Et c'est reparti pour des heures de steppe désertique, et l'Amou Daria, lui, n'a toujours pas grossi !...
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Vendredi 5 octobre 2018
Tashkent : du passé faisons table rase
En rasant les vieux quartiers pour y tracer leurs immenses avenues, 
et y planter leurs immeubles vétustes avant même d'être habités, les 
soviétiques n'avaient sans doute pas imaginé que cela profiterait 
surtout à la bagnole. A moins qu'ils n'aient cru à un monde où chacun 
possèderait sa Lada. Pauvre piéton qui pour traverser certains 
carrefours doit piquer un sprint ou s'y prendre à deux fois.
Pour sûr, je ne connais aucune autre ville avec autant d'espace dégagé. Et maintenant, c'est aux restes du socialisme d'être rasés à leur tour. Place au neuf, au moderne, à l'audace. Du passé faisons table rase, vive les beaux immeubles d'affaires, -pour l'habitat, on verra plus tard- et la culture Mac Do -mauvaise foi, j'en ai pas vu un-.
Heureusement, il reste encore des îlots de résistance et le quartier de 
Chorzu en fait partie, avec son grand bazar, ses mosquées, ses madrasas 
et ses vendeurs de misère. Ici la capitale de l'Ouzbékistan retrouve un 
peu d'humanité.
L'émir ne voyait pas bien
A part ça, Tashkent s'enorgueillit de posséder le plus vieux Coran du monde, VIIème siècle, taché du sang de l'émir qui le lisait quand il fut assassiné. Une pièce unique, même si la légende est plus forte que la vérité. Quant à l'émir, vu la taille des caractères, il devait avoir une très mauvaise vue ! La relique est au centre d'un énorme espace coranique tout neuf. On se demande d'où vient le pognon qui finance tout ça.
Et puis Tashkent a aussi son drapeau, un des plus hauts du monde, en 
compétition permanente avec Douchanbé et je ne sais plus quelle autre 
ville. Bof...
Dimanche 7 octobre 2018
Le froid humide est arrivé brutalement cette nuit. Ca tombe bien, je dois rentrer, surtout après trois jours d'attente, hébergé dans un appartement à la soviétique, fort heureusement remis à neuf. Pour aller à l'aéroport, c'est simple, inutile de commander un taxi, même à 5h du matin. Il suffit de se mettre au bord de l'avenue et de faire signe à la première bagnole qui passe.
Juste un petit crochet par Toronto, ça me permet de survoler Bordeaux !
Les photos
 





























